La monnaie électronique remède pour l’inclusion financière dans l’UEMOA

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Le faible développement du secteur financier dans les pays de l’UEMOA est une des principales contraintes  à l’émergence des économies et à la lutte contre la pauvreté.

Au niveau des huit pays  de l’UEMOA, le taux de bancarisation strict ressort à 17% en 2017 contre 16,6% en 2016, soit une faible progression de 0,4%.  En d’autres termes, seuls 17% de la population adulte dans les pays de l’UEMOA détiennent un compte dans les banques ou les services postaux,  les caisses nationales d’épargne et le Trésor. Ce chiffre est très faible comparé aux pays asiatiques émergents dits dragons (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taiwan) où il dépasse systématiquement les 90% ; ce qui favorise le financement bancaire  de l’économie et stimule son développement à travers les crédits de consommation et d’investissement.

Le secteur financier décentralisé, développé depuis les années 90 et tant vanté pour renforcer l’inclusion financière permet de doubler le niveau de bancarisation pour le porter à 35,9% en 2017. Cependant, force est de constater que ce segment entame une saturation avec un ralentissement notable. En effet, à l’instar des ouvertures de compte dans le système bancaire classique, le rythme d’ouverture des comptes de micro finance stagne. Il progresse juste de 0,6% entre 2016 et 2017.

En outre, le dynamisme de l’inclusion est soutenu au cours des dernières années au sein de l’UEMOA par les services financiers numériques, c’est-à-dire les services financiers effectués via la téléphonie mobile.

En effet, 50,5 millions de comptes bancaires électroniques ont été recensés dans l’UEMOA en 2017, contre seulement un peu plus de 11 millions en 2013. Ce dynamisme salutaire est observé dans tous les pays de la zone. La Côte d’Ivoire concentre la part la plus importante part de comptes de monnaie électronique, soit 37,9%. Elle est suivie loin derrière du Burkina Faso (13,8%), du Mali (13,5%) et du Bénin (13,0%), du Sénégal (10,67%). Enfin, le Togo (5,92%), le Niger (4,4%) et la Guinée Bissau (0,74%) ferment la marche.

Les plus fortes expansions de comptes de monnaie électronique sont relevées au Bénin, au Sénégal, au Togo et en Guinée Bissau. Le nombre de clients au Bénin passe de 4,35 millions en 2016 à 6,57 millions en 2017, soit une hausse de 51% représentant plus de 2 millions de nouveaux souscripteurs. S’agissant du Sénégal, les comptes progressent de 22,3% pour se situer à 5,38 millions contre 4,4 millions un an auparavant. Au Togo, le nombre de comptes de monnaie électronique est passé à 2,98 millions contre 1,4 millions en 2016, soit une augmentation de 113%. La Guinée Bissau enregistre 375833 souscripteurs en 2017 contre un nombre de souscripteurs de 246551 en 2016, soit une hausse de 52,4%.

Au total, dans l’union, un volume de  1 254 464 732 de transactions a été recensé représentant une valeur de 16 943 milliards de FCFA.

Les principales activités recensées dans les services numériques concernent le rechargement de porte monnaie électronique (6 627 milliards FCFA), les retraits cash (5 508 milliards) ; les transferts de personne à personne (2 828 milliards) ;  les transferts frontaliers (780 milliards). Les paiements de facture et de marchandise demeurent relativement timides et ressortent respectivement à 354 milliards et à 324 milliards.

Le taux d’utilisation des services de monnaie électronique (base comptes actifs) progresse de 8,9% pour se situer à  28,6%.

Par pays, le Bénin enregistre le taux d’inclusion financière le plus élevé (82,1%), suivi du Togo (79,6%), du Burkina (68,8%), du Sénégal (64,1%) et de la Côte d’Ivoire (60,7%). La Guinée-Bissau enregistre, en revanche, un taux d’inclusion financière de 13,8%.

Grâce aux services financiers numériques, le taux global d’utilisation des services  financiers se situe à 55% en 2017 contre 47,1% en 2016, soit une hausse de 7,9%. Ainsi, le ralentissement du développement des services bancaires et de micro finance contraste avec le dynamisme des services numériques via  la téléphonie mobile et constituent vraisemblablement, la solution pour assurer l’inclusion financière dans la zone UEMOA dans les années à venir.

Les établissements de monnaie électronique, filiales du groupe Orange dominent l’écosystème des services financiers numériques dans l’UEMOA. Ainsi, le réseau Orange Money accueille 37,4% des souscripteurs, suivi de MTN Money (28,9%) et de Moov Flooz (20,7%). Mobicash et TIGO Mobile Cash acueillent respectivement 7,16% et 12,04% des souscripteurs.


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